top of page
  • Photo du rédacteurpapiersrelies

Confidences


Toute reproduction ou utilisation est interdite sans l'accord de l'artiste
Artwork by Papiers reliés

Quand je suis née, les femmes portaient des robes « vichy », et ma mère devait demander sa signature à mon père pour un chèque sur le compte du foyer.

En 1968, j’étais attentive aux mots et demandais à mes parents, avec l’innocence de mes 5 ans, la différence entre « grève » et « crève ».



Mon premier contact avec l’écriture, c’était à 2 ans : la fascination pour l’encrier de céramique blanche dans le trou des bureaux de bois, et le geste irrépressible d’y plonger l’index, le jour où mon père nous emmena visiter « sa » classe…

…La même encre délicieusement violette et odorante que sur les registres comptables caducs, recyclés par ma grand-mère en papier à dessin pour ses petits-enfants.

Ensuite, je me suis dépêchée d’apprendre à lire seule, pour écrire l’année suivante mon premier poème de fête des mères, exposé – mais oui – dans les travaux de fin d’année du cours préparatoire.

Puis, la terre a accéléré sa course, j’ai cru qu’il valait mieux être de ceux qui signent les chèques, et savent écrire des chiffres plutôt que des lettres ; je suis entrée à « Sup de Co » Marseille… option gestion… …Remisant tous les Giono, Rimbaud, et autres Zola, Nietzsche ou Aragon dans des temps volés entre les calanques et le village familial du Lubéron ; sans me douter que s’imprimèrent là mes plus fortes affinités avec la nature, ses rythmes lents, ses couleurs et reliefs inégalés.

Car « Chassez le naturel … », et son galop m’a fait fuir les villes au temps véloce – après Marseille, Paris des années 90 – préférer aux entreprises les associations à but non lucratif, et choisir la Culture pour la servir avec mes interventions de conseil en gestion.

C’est en pays de refuge et de résistance – à l’aube de notre XXIe siècle – que j’ai enfin commencé à travailler l’écriture, de toujours restée compagne quotidienne.

Les Cévennes savent l’alliance entre l’homme et la nature ; en témoigne le premier Parc National Français, unique en son genre pour avoir inclus dans sa Charte les activités humaines. Pays d’accueil, elles savent historiquement la nécessité de la diversité – biologique, de cultures, de pensées – pour la dignité de l’Humanité entière. L’écriture porte mon intention d’inviter au respect de soi, de l’humain, via un accord avec la nature, et quitte à oser le sacrifice du douillet, ou du connu.

Ici est né un projet éditorial, nourri au fil de mon parcours de chargée de production en milieux

artistiques dès 1995. J’ai le privilège de vivre dans un village où grouillent d’autres formes d’écritures artistiques – le théâtre, la musique, la peinture, le

cinéma.

Les côtoyer « éduque le regard » qui seul, autorise l’exigence artistique ; et les côtoyer ouvre les yeux sur ce que sont les processus de création.

Je suis convaincue que l’écriture relie les êtres à eux-mêmes et à leurs pairs tous proches, et au-delà des frontières et des siècles. Cette conviction m’a taquinée jusqu’à tenter le concours de « Rédacteur », pour les Services publics, où je poursuis depuis quatre ans mes missions de communication sur le canton d’un village des Cévennes gardoises.


D’autres rencontres d’auteurs jalonnent mes lectures : Jean Raspail, Orson Scott Card, Jean-Pierre Chabrol, Anna Gavalda, Tahar Ben Jelloun, Flannery O’Connors, .. tant d’autres !

A mes yeux, la poésie est en filigrane de nombreux arts. Elle offre au lecteur – ou au spectateur – le choix de la liberté : par sa musique ou ses images, elle lui fait entendre ce que lui seul veut immédiatement comprendre, et qu’il prendrait du temps à expliquer approximativement avec mille mots. Elle offre aux deux – lecteur et auteur – une brèche, une escapade hors tous guides de scénario, un autre accord de respiration avec leur entourage ou leur intimité.

Tant la Nouvelle, se débarrassant des chapitres, lâche la main du lecteur pour le laisser imaginer à son aise des scènes invisibles pour ses personnages ; tant le Poème, se libérant de l’intrigue, invite son lecteur à inventer la sienne avec, pour seul point commun avec l’auteur, l’émotion.

Avant « Le Tambour des lunes », les poèmes « Désert » et « Déambulation » ont été remarqués sur le site internet « Ecrits-Vains ? » en 2007. Le recueil de poésie « Je t’apprendrais le verbe Aimer » chez Encre & Lumière éditeur présente un de mes poèmes, lors d’un hommage à Léo Ferré, aux côtés des écrits de Jean-Pierre Védrines, Robert Piccamiglio, Marie-Christine Brambilla, entre autres.

Odile Vecciani - automne 2012

25 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
bottom of page